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Pérou - Bolivie - Mai 2016

Etape 6 - Cañon de Colca - Une montée vertigineuse

Mercredi 4 mai. Pas de grande soirée interminable hier soir, mais une bonne partie de rigolade. Du temps passé à mieux se connaître chacun. Deux jours de randonnée épuisante forgent des amitiés. 21 heures à peine et tout le monde au lit. Demain matin, départ en pleine nuit pour commencer la remontée du canyon***. Réveil en douceur. A 4 heures, tout le monde est déjà sur le pied de guerre, sac à dos, chaussures, et bouteille d'eau à portée de main. L'épreuve est rude. Il nous faut remonter la montagne sur un dénivelé de plus de 1.200 mètres en partant en pleine nuit, lampre frontale pour les uns, torche du smartphone pour les autres.

Avant que le jour ne se lève, il nous faut suivre la cadence imposée par Maria, marcher les uns et les autres de concert, dans les pas de celui qui nous précède. Une question de sécurité et de solidarité. La première heure est épuisante, il faut suivre le rythme imposé par Maria, notre guide. Puis enfin, le soleil se lève, les flancs escarpés du canyon surgissent de l'obscurité. Une lumière pâle baigne les contreforts de la montagne. Il faut attendre encore une bonne demi-heure pour voir enfin le soleil apparaître et zébrer les flancs du canyon. Des mules descendent le chemin, conduits par des paysans qui proposeront leurs services aux randonneurs en détresse. Ce n'est pas mon cas. Pour l'instant, je tiens la cadence...

La montée du canyon est une épreuve de forces. Epuisante. Une lutte continuelle contre soi pour poursuivre la marche. Au bout de trois heures de marche, chacun est laissé à lui-même, libre d'aller au rythme qui lui convient. Les plus pressés du début sont parfois plantés au bord du chemin. La beauté sidérale du site m'accompagne à chaque pas. Les lignes des chemins incas zèbrent encore la montagne. Les condors sillonnent le ciel azur. Les premiers randonneurs qui ont lâché remontent le chemin à dos de mules. A leurs risques et périls. Chaque année, mules et touristes basculent dans le ravin. Je préfère encore marcher, aller au bout de moi-même et de mes forces...

L'ascension se poursuit. La montée n'offre que peu de moments de répits. Il faut donc ménager ses efforts et surtout, aller à son rythme. Chaque lacet de la montagne est une épreuve. Seule consolation, on peut désormais voir le sommet du canyon. La fatigue est là, mais il faut rester vigilant. Un pas de côté et c'est la chute dans le ravin. Je m'étonne encore de ces touristes qui font une confiance aveugle aux mules qui les transportent. Le soleil désormais bien présent ajoute encore à la difficulté. Je relève la tête. L'arrivée au sommet est si proche et si loin à la fois. Encore un effort. J'arrive enfin au sommet du canyon sous les applaudissements du groupe. Nous sommes une dizaine à être arrivés. Il faudra encore attendre une bonne heure avant que tous n'arrivent à leur tour. Quel trek ! Jamais je n'oublierai cette marche vers les cimes du canyon. Quelle épreuve physique et mentale. Sans doute un des plus grands moments de mon existence.

Il faut maintenant penser à bien s'alimenter et à boire avant de finir l'aventure. Ce moment de répit permet de faire quelques photos-souvenirs avec les indiens ayamaras et les guides.

Encore un petit effort. Il nous faut marcher encore une petite demi-heure avant de rejoindre Cabanonde. On marche ainsi à travers les champs de maïs, les anciennes terrasses incas toujours cultivées, les prairies où broutent vaches et mules. Un moment de paix.

Enfin nous voici à Cabanonde (3.287 m), petit village de 3.000 habitants surplombant le canyon de Colca. Mis à part sa petite église coloniale, pas grand chose à voir ici. C'est ici pourtant que nous attend le petit-déjeuner, thé et café à volonté, confitures, fruits, de quoi remettre un peu de carburant dans la machine. Dans le regard de chacun, on peut lire la fierté. Mes amis français n'hésitent pas à comparer la montée du canyon avec le trek du Fitz Roy, en Argentine, que j'ai moi-même fait. "Plus dur encore". Oui, plus éprouvant en effet. Quelle joie de l'avoir fait !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

 
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